Jayavaraman VII : Bouddha-Roi

Petit résumé comment le roi Jayavaraman VII était devenu roi :

La mort fait partie de la vie, et tout le monde ne peu l’échapper, quelque soit l’être le plus riche ou pauvre, quittera un jour de ce bas monde matérialiste. Ainsi le grand roi Surya-Varman II, qui prétendait être le Dieu-Roi, n’avait pas échappé à la mort. Il mourut en 1150 et ses cendres furent déposées dans la tour principale d’Angkor Vât par un haut Brahmane, où il faisait immortaliser dans les pierres de ce temple sacré, l’œuvre monumentale de son règne, sous le nom de l’apothéose de Prarama-Vishnouloka.

Dès  qu’ils apprenaient  le décès du Dieu-Roi Khmer Surya-Varman II , les Chams profitaient de ce moment trouble pour se rebeller. Dans tout le territoire du royaume de Champa,  les Chams se soulevèrent contre les autorités Khmères, et assassinèrent le beau-frère de Surya-Varman II,  qui était le vice-roi.  Ensuite les Chams choisissaient reconnaître pour roi, un prince d’originaire du Champa et qui prit le nom de règne de Jaya Hari 1er.

Tandis que dans le royaume Khmer, le successeur du roi  Surya-Varman II,  était son cousin germain, Dharanindra-Varman II (1150-1160) .  Il poursuivit la guerre contre les Chams. Le nouveau roi Khmer avait confié le commandement de l’armée à son fils, Jayavaraman VII, âgé d’environ vingt-cinq ans; celui-ci combattait devant la ville de Vijaya quand il avait apprit la mort de son père et l’avènement de Yaçovaraman II ou Yasovaraman II.

Yaçovaraman II (1160-1165) eut son règne troublé par un attentat. Il n’est pas possible de savoir quels en furent les instigateurs et les auteurs. Le seul fait sûr est que le roi ne dut de conserver la vie qu’à la présence d’esprit et au courage d’un des officiers de sa garde, Sridrakumâra, assassiné par un mandarin qui se proclama roi sous le nom de Tribhuvanâditya-Varaman (1165-1177).

Pratiquement au même moment de l’assassinat de Yaçovaraman II, le roi légitime du Champa fut aussi détrôné par un rebelle qui se fit appeler Jaya Indra IV. Celui-ci demanda l’investiture de la cour de Chine et se réconcilia avec le Viêt Nam du Nord par l’envoi de présents etc, « présomptueux comme Râvana, transportant son armée sur des chars, il vint combattre le royaume Khmer pareil au ciel », comme le note une inscription.

Vers 1168 à 1175 environ, la lutte indécise, car les armées Khmères couvertes par la chaîne annamitique et bien commandées par Jayavaraman VII, avaient solidement tenu les territoires du delta.  Le roi Chams décida alors de vaincre les Khmers, grâce au fleuve lui-même. Il équipa une flotte très puissante qui guidée par un naufragé Chinois, gagna l’embouchure du Mékong qu’elle remonta jusqu’au Grand Lac. Elle dispersa aisément les jonques Khmères, surprit l’Angkor Vat qu’elle pilla et tua l’usurpateur sans prendre en considération ses propositions de paix.

La puissance Khmère semblait à jamais détruite. Ceci était passé vers le 15ème jour de la 5ème lune de 1177 (probablement vers le 28 Août 1177). L’occupation Cham dura près de 5 ans, aussi longtemps qu’avait duré celle du Champa par les Khmers.

Pendant le règne de l’usurpateur Tribhuvanâditya-Varman,  le fils Dharanindra-Varman II (Jayavaraman VII) renonçant à toute activité, avait discrètement vécu au royaume Khmer, « en attendant le moment propice pour sauver la terre lourde de crimes ». A la nouvelle de la mort du roi Cham, Jayavarman VII sortit de sa retraite,  souleva le royaume Khmer contre les occupants, constitua une armée qu’il exerça patiemment la pratique des embuscades et des techniques de combats approchés avant de l’engagée, Lobokator etc. Il parvint même à former une flotte et c’est par une victoire navale qu’il affranchit définitivement son pays du joug Cham, en 1181. Puis, il reprit le temple Angkor Vat et s’y fit roi sous le nom de Jayavaraman VII.

Cependant, le monarque Champa ne se tenait pas pour vaincu. Il attendit près de dix ans sa revanche; en 1190 s’étant assuré de la neutralité des Vietnamiens du Nord, il reprit les hostilités.  La riposte de Jayavaraman VII  fut foudroyantes envers le royaume du Champa. Portant l’offensive chez son adversaire, il s’empara de sa capitale et de sa personne, puis occupa totalement tout le royaume du Champa.

Les provinces avoisinantes Vijaya furent placées sous l’autorité d’une province Khmère, le beau frère de Jaya-Varaman VII; le reste du pays fut confié à un prince Cham qui avait longtemps vécu à la cour d’Angkor et qui avait autrefois aidé le roi à réprimer une révolte dans le territoire de Battambang, Vidyànandana. Comme, celui-ci tentait de réunifier le Champa, il fut alors chassé de son poste en 1102. Depuis ce temps, le Champa resta très longtemps une province Khmère directement soumise à l’autorité centrale. Et, le royaume Khmer, au terme d’une lutte de 100 ans, n’avait plus rien à redouter de ses voisins du Champa. Sans doute, le Champa n’allait encore disparaître de l’histoire.

Par sa mère, Jaya-Varman II « le victorieux » (1181-1201) se rattachait à la dynastie pré angkorienne, par son père, il descendait de la dynastie de Mahadharapura. En lui se combinèrent en quelque sort les vertus héroïques de l’une et l’autre.

Sous son règne, le royaume Khmer atteignit sans doute sa plus grande expansion territoriale, puisqu’il couvrait indépendamment du pays Khmer, le Champa, le Laos actuel, la Thaïlande actuelle, aussi une partie de la péninsule malaise (jusqu’à l’isthme de Kra) et de la Birmanie (jusqu’au fleuve Salween). Ceci explique que dans l’armée Khmère conduite en 1207 contre le Viêt Nam du Nord, il y avait des contingents Thaïs et Birmans.

Jayavaraman VII était non seulement un très grand roi guerrier, mais aussi, il était profondément religieux. Il avait pour chapelain un Brahmane versé de connaissances des Védas, Hrishakaça, il avait comme son père, donné son adhésion au Bouddhisme du Grand Véhicule (Mahayana). Il avait deux femmes dans sa vie. La première était la princesse Jayarâjadevî. Sa deuxième épouse était la princesse Indradévî, la soeur aînée de sa première femme, qu’il l’épousa après la mort de Jayarâjadévî. Elles étaient de ferventes Bouddhistes, d’une rare distinction d’esprit. Tous trois avaient une commune dévotion au Bodhisattava Avolokitesvara, qui préside au cycle présent de l’humanité et dont la charité s’étend aux quatre point cardinaux. C’était une des lois fondamentales de la religion Bouddhiste du Grand Véhicule.

Selon la tradition Khmère et dans une inscription du Chinois Ta-Koan, le roi Jayavarman VII  avait profité de l’occasion de son, règne pour mettre définitivement la religion Bouddhiste au rang de première religion dans le royaume Khmer et comme religion de la cour royale. Comme il était très profondément attiré par le Bouddhisme, il inventa un nouveau culte; c’était le culte de Bouddha-Roi. Jayavarman VII dont nous possédons en dehors des bas-reliefs du Bayon où il est silhouetté trois têtes sculptées dans la pierre, fut probablement un roi lépreux. Pour soigner sa douleur, il faisait construire de nombreux temples dédiés à Bouddha autour de sa capitale. Aussi, il avait fait construire à travers tout le Cambodge ancien 102 hôpitaux placés sous l’invocation du Bouddha guérisseur et d’innombrables pavillons de repos jalonnant les chaussées. « Il souffrait des maladies de ses sujets plus que des siennes; car c’est la douleur des rois, et non leur propre douleur, lit-on dans son édit sur les hôpitaux (stèle de Say-Fong).

Mais l’oeuvre capitale du roi fut la fondation du temple d’Angkor de Bayon. L’antique capitale Angkor Vat saccagée par les Chams ne pouvait plus être reconstruite telle qu’elle avait tué; au reste, son plan était de conception Brahmanique; il ne convenait plus au roi dévot du Bouddha. Il avait alors fait transformer le temple sacré de Shivaïte, c’est à dire le temple Angkor Vât, en un monastère de la religion Bouddhiste. Dans les galeries de ce temple, le roi faisait mettre moult statues de Bouddha veille sur le peuple et le royaume Khmer. Depuis ce temps, jusqu’à notre époque, le temple Angkor Vât (sanctuaire religieux) était un des plus beau et un des plus grandes Bonzeries du monde.

Jayavaraman VII, le roi Bouddha-Roi avait fait construire à lui seul pratiquement autant de monument que tous ses prédécesseurs de l’époque classique réunis.  Peut-être voulait-il effacer d’un coup l’humiliation laissée par les dévastations des Chams ? Où peut-être encore, voulait-il dédier tous ces temples à son grand Bouddha guérisseur, afin qu’il puisse soulager les souffrances de son peuple et de ses propres maladies ? Mais tout ce que l’on sait c’est qu’il avait fait construire une nouvelle capitale à environ une cinquantaine de kilomètres de l’ancienne capitale.

L’apogée commença pour la civilisation Khmère. Angkor Thom (le Zénith sanctuaire) le nom de la nouvelle capitale du royaume Khmer. Cette ville originale enveloppait pratiquement tous les autres temples qui avaient été construits sous le règne de Jayavaraman VII, comme le temple de Preah Khan avec ses 102 tours, ou encore comme le temple de Banteay Kdei avec ses gigantesques bassins, et celui de l’Angkor de Ta Phrom avec ses 39 tours et ses 800 statues. Le summum des temples Bouddhiques était Angkor Bayon qui constituait la structure la plus complexe et fascinante de toute l’architecture Angkorienne. 54 tours du même nombre que celui des génies bordaient de chaque côté la Chaussée des Géants. Ces tours devaient porter chacune quatre effigies du Bouddha-Roi symbolisant Jayavaraman VII, soit au total 216 visages regardant vers les quatre orients. Et ainsi des quinzaines de temples Bouddhiques faisaient part de la ville d’Angkor Thom…

Le plan d’Angkor Thom devait rappeler celui de l’univers, tel que le concevaient les Bouddhistes l’axe du monde s’élève une montagne à cinq sommets, le Mérou, au-dessus laquelle s’étagent trois catégories de cieux et par quoi s’ordonnent l’espace et le temps. De même au centre géométrique de la ville royale devait se dresser un temple montagne, le Bayon, surmonté d’un quinconce de tours à visages, établissant une liaison entre les hommes et la Divinité.

De même encore que le Bayon devait irradier aux quatre avenues aboutissant à autant de portes monumentales aux quatre points cardinaux. Le monde est entouré par une chaîne de montagnes concentriques, dont la baigne dans l’Océan, donc la ville devait être protégée par un fossé et un mur de pierres de 12 kilomètres.

De même enfin que le mont Mérou se continue sous terre au milieu d’une vaste mer, de même que le temple montagne devait être censé prolonger un Océan sous-marin symbolisé par un énorme poisson (trey) sur le bas-reliefs. Ainsi la ville et le temple du Bayon étaient consacrés au seul et unique Bodhisattava Avolokitesvara (Bouddha-Roi) dont les traits étaient reproduits sur les tours et sur les portes de la cité. Le plan de la nouvelle capitale du royaume Khmer était composé ainsi.

D’après les historiens, il y avait environ 300 000 à 400 000 habitants qui vivaient dans cette nouvelle capitale sacrée. Angkor du Bayon était réservé pour le roi Jayavaraman VII. Quand aux autres temples, ils étaient habités par la famille royale ou par de hauts dignitaires.

Celui de Preah Khan était habité par un des fils de Jayavaraman VII, le prince Vîrakumâra. Il avait rédigé un admirable texte sur une grande stèle du Angkor Preah Khan :  » J’honore le suprême chemin qui mène à l’illumination supérieure, l’unique doctrine sans obstacle pour atteindre la compréhension de la réalité, la loi que dans les trois mondes les immortels doivent honorer, l’épée qui détruit le bosquet des six ennemis intérieurs… ».

Les paysans, qui vivaient dans cette ville  se contentaient seulement des maisons en bois sur pilotis. Les commerçants, les nobles avez une vie plus paisible que les paysans, car les maisons en pierres et les temples autour d’Angkor du Bayon étaient réservés pour eux par l’ordre du roi.

Les Khmers ne semblaient point être révoltés par ces différentes classes. Comme le roi était très proche de son peuple, ce qu’on pouvait expliquer par la bonne entente entre le Bouddha-Roi Jayavaraman VII et le peuple. Les Khmers l’aimaient énormément car  grâce à lui que le royaume Khmer arrivait à atteindre son apogée.  Le peuple Khmer vénérait leur roi, comme un Dieu : ils l’appelèrent alors le « Bouddha-Roi ». (voir livre d’histoire plus en détaille)